dimanche 26 mars 2017

Soigner notre lien aux choses

Giorgio Morandi
Quand on dit que la méditation change notre rapport à nous-mêmes, aux autres, au monde,  ça veut dire qu’elle change aussi notre rapport aux choses... Si toutefois les objets qui nous entourent sont des choses.
Dans le séminaire de janvier 2014, 16 questions posées à notre existence Fabrice Midal consacre un enseignement à la chose.

Qu’est-ce qu’une chose?  Une chose a une présence, une plénitude. Une chose, c’est un recueillement de présence.
Une « non-chose » rend une fonction mais n’a pas de présence. 

Pratiquer la méditation nous  amène à faire la différence…et à retrouver le cœur d’enfant qui connaît le lien intense aux choses.

Le poète Rainer Maria Rilke dit des choses qu’elles sont les « véritables amies de mon enfance ».

La petite fille qu’est Nathalie Sarraute, dans son texte autobiographique Enfance, après avoir demandé à sa tante de lui laisser un flacon de parfum vide plutôt que de le jeter écrit :
" Nous voici, le flacon et moi, seuls dans ma chambre. Je le tourne avec précaution en tous sens pour mieux voir ses lignes arrondies, ses surfaces lisses, son bouchon taillé à facettes. "
La petite fille commence alors  par enlever ce qui l’enlaidit. Un vilain ruban qu’on a noué autour de son goulot, une épaisse étiquette jaune et luisante. Puis elle décrit dans de menus détails de quelle manière elle va débarrasser son flacon d’une couche blanchâtre laissée par la colle. Elle va le laver, le sécher avec un coin de la couverture de son lit.  " Alors il apparaît dans toute son éclatante pureté... Je le tends vers la fenêtre pour le présenter à la lumière, je l’emporte au jardin pour que le soleil le fasse étinceler.. le soir, je le contemple sous la lampe… Rien ne nous menace, personne ne viendra me l’enlever. "
Et plus loin elle dira " Quand je l’emporte avec moi, je le tiens enveloppé, je ne veux pas que des regards, des paroles frivoles puissent l’atteindre."

Fabrice Midal dans son enseignement sur la chose soulignait " qu’on a rapport aux choses à la mesure où on commence à se les approprier." Ça ne veut pas tant dire en devenir propriétaire mais en avoir la responsabilité et établir un lien.

Les pratiques de bienveillance aimante nous permettent, entre autres, de soigner nos liens aux choses.

Elisabeth Larivière
Paris

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