Lors d’une pratique de bienveillance aimante, en cherchant à évoquer un moment où quelqu’un m’avait montré de la bienveillance, m’est revenu un souvenir vieux de trente ans.
Mon premier travail en France, dans une ville de province où je ne connaissais personne. Epoque où j’étais hyper speed, deux paquets de cigarettes par jour, travaillant – de mon propre choix – six jours par semaine, voire les jours fériés puisque je ne connaissais pas grand monde. Je me préoccupais très peu de mon apparence physique, j’étais complètement dans ma tête.
Un jour mon patron m’a dit : « Anne, ça ne va pas, regardez comment vous êtes habillée, ma femme, qui a dix ans de plus que vous, paraît bien mieux que vous ». Si ma mémoire est bonne, je portais ce jour-là un sweat-shirt lilas plutôt froissé avec mon look épouvantail à moineaux habituel.
Ce souvenir m’est revenu comme un moment où quelqu’un avait fait preuve de bienveillance à mon égard. Mon patron m’avait parlé gentiment. Il fallait un peu de courage je crois. Allez dire à quelqu’un qu’il a l’air de n’importe quoi…
J’ai commencé à prendre plus soin de moi. Quelques semaines plus tard, je me suis achetée un superbe manteau vert émeraude qui m’a coûté presque un mois de salaire. J’ai beaucoup aimé ce manteau.
Et je conserve toute mon affection à P.C., gentil patron que je n’ai pas revu depuis trente ans.
Anne Vignau
Saint-Gratien
Anne Vignau
Saint-Gratien