Un sentiment de culpabilité est une chose bien intéressante en vérité. Cela me fait penser à un passeport. On le présente à la police des frontières pour montrer qu’on est en règle, qu’on a bien fait les démarches administratives comme il faut et qu’on peut passer.
C’est bien pratique parce qu’on n’a pas besoin de se montrer tel que l’on est : un être humain. Il suffit d’avoir le papier même si pour cela il a fallu faire les démarches et payer les timbres fiscaux.
Le policier ne nous regarde d’ailleurs pas particulièrement. ll regarde seulement le document et vérifie que physiquement on ressemble bien à la photo qu’il a sous les yeux.
C’est bien pratique parce qu’on n’a pas besoin de se montrer tel que l’on est : un être humain. Il suffit d’avoir le papier même si pour cela il a fallu faire les démarches et payer les timbres fiscaux.
Le policier ne nous regarde d’ailleurs pas particulièrement. ll regarde seulement le document et vérifie que physiquement on ressemble bien à la photo qu’il a sous les yeux.
Quand j'ouvre mon passeport de culpabilité, je peux y lire :
« Mr Xavier Ripoche a bien souffert comme il faut, il a payé de sa personne, il mérite qu’on le laisse passer tranquillement sans l’embêter »
Sur le coussin de méditation c’est aussi une possibilité intéressante le passeport de culpabilité. On se dit : « tu étais perdu dans tes pensées, ce n’est pas bien et tu devrais être puni, mais bon montre-moi ton passeport de culpabilité et ça ira». Au fond cela permet de ne pas faire véritablement l’épreuve de la pratique de la méditation. Accepter pleinement qu’on est ailleurs sans en faire tout un plat serait tellement plus simple.
Etre sans papier est une autre affaire. Il faut assumer ce que l’on est sans se défausser avec un passeport, assumer une certaine nudité. Mais au bout du compte qu’est-ce que c’est bon de voyager léger sans s’encombrer de toutes ces paperasses. C’est cela je crois le sens de se foutre la paix.
Cela a aussi à voir avec la différence entre la morale et l’éthique. Dans la morale, on a des repères, on sait ce qui est bien et mal. Si on fait quelque chose de mal il faut payer. L’éthique c’est autre chose, c’est plus subtil. Il n’y a pas de règle établie. On peut faire quelque chose qui est contraire à l’ordre moral et qui pourtant est juste dans la situation. Au bout du compte, même si c’est moins facile, on n’a pas besoin de paraître autre que ce qu’on est. Quelle détente!
Beaucoup de gens se demandent à quoi sert la méditation. J’ai envie de dire que la méditation sert à ranger la morale et les passeports dans un tiroir et à découvrir une manière libre et éthique de vivre.
Xavier Ripoche
Paris