« La poésie, partant de la Terre - c'est le premier millimètre d'air au-dessus d'elle ».
Il est question dans la poésie comme dans la méditation de respiration. Cela ne veut pas dire que le monde serait irrespirable et qu’il faudrait se réfugier dans la poésie ou la méditation comme dans un havre de paix séparé de la réalité, mais que peut-être par la poésie ou la méditation on pourrait découvrir un autre rapport au monde.
Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir fait mille choses. Ma journée a été une suite d’événements qui se sont succédés de façon continue. Le temps était compté à la minute. Réunions, trajet en voiture, rendez-vous, gare,TGV... Tous les événements de la journée se sont enchainés ainsi.
Rentré chez moi, je m’assois sur le coussin et enfin je respire. Je redécouvre comme un enfant la joie d’inspirer, d’expirer, la joie d’être et je vois du même coup par contraste le speed dans lequel j’étais tout au long de la journée et auquel je m’étais presque habitué.
Nous sommes tous pris par moments dans cette spirale de la suractivité et nous ne voyons souvent aucune issue. Ma fille au lycée est submergée de devoirs. Elle n’a plus de week-ends. Elle n’a plus de vacances. Elle a l’impression qu’on lui vole son temps, sa jeunesse. Que faire ? Que lui conseiller ?
Alors je pense à la petite phrase de Marina Tsvetaeva. La poésie comme la méditation sont des actes subversifs dans notre monde affairé. Elles sont l’une comme l’autre le premier millimètre d’air au-dessus de la terre. On peut y respirer. Par elles il est possible de retrouver le contact avec la vie, la joie et l’esprit d’enfance.
Xavier Ripoche
Paris
Nous pouvons quasiment tous nous reconnaitre dans la description de cette spirale infernale... pour moi aussi, le seul remède,la seule "aération",le seul geste salvateur : m'asseoir sur mon coussin de méditation. Alors tout se pose. Merci Xavier !
RépondreSupprimerBonjour Xavier,
RépondreSupprimerJe viens d'assister à un "spectacle de magie" que vient de monter de lui même mon ainé de 6 ans et je ne suis pas trop d'accord avec ce que tu écris. Je crois que Marina Tsvetaeva est surtout incandescente, spécialement dans sa correspondance avec Rilke et Pasternak. Qu'elle est du genre à se marier sur le champs avec le premier homme qui passe et qui porte sur lui tel ou tel chose. Je pense aussi que le coussin cela sert à rien ou alors si cela sert c'est plus (pour moi) dans la vue d'être père que d'être enfant.
François Fédier écrit qu'il faut finir par prendre le mot divin au sens banal du terme. Peut-être est-il possible de faire pareil avec le nom de sa boite. Avec le TGV, ok là c'est très dur.
Mais en même temps je vois ce que tu veux dire.
Je t'embrasse. Alexis Mouret
Je crois que le premier millimètre d'air c'est plus quelque chose de topologique, qui situe l'homme, tout en le débordant. La fête, les noces... Simone Weil dans un fragment parle par exemple de Christ et Carnaval. On pourrait peut-être dire aussi Guignol, les Géants... A ce titre quasiment de la philosophie (Husserl : la philosophie c'est marcher sur la tête). Plutôt qu'une affaire de "respiration", et qu'il ne faut peut-être pas faire trop de syncrétisme. Ou encore, un peu comme un cercueil posé en face de l'autel lors d'obsèques dans une église. Il y a une droite, une gauche, un devant, un derrière (pour l'assemblée)... Cela situe, et cela fait ainsi du bien et cela peut être en plus beau, voire très beau.
RépondreSupprimerUn expire (posé) peut être paix. Peut être alétheia sens de paix.
RépondreSupprimer