Tombée en arrêt sur cette profonde et poétique réflexion écrite le 9 décembre 1904 par C.F. Ramuz dans son Journal ; il avait alors 25 ans :
« Quand je suis triste, la pensée de la mort m’obsède péniblement. Quand je suis heureux, elle m’est légère. Je sens alors qu’elle est la source même de toute beauté, à vrai dire la mesure de tout. Je dis : Je m’en irai à mon heure, sans me plaindre; j’obéirai comme la plante - cette pente m’est douce et je m’y laisse aller. Portez-moi avec les nuages et les bateaux sur la mer. O poussière des prés, ma sœur, sources, parfums, ô vous âmes des pétales et le chant de l’oiseau, voici que je connais par delà toute limite l’union de tous les contraires et le repos dans le mouvement. »
Méditer, c’est peut-être faire confiance comme la plante, n’opposer aucune résistance, se poser dans le mouvement même de la vie et se laisser toucher par son secret le plus intime.
Dominique Sauthier
Genève