jeudi 8 juin 2017

Rencontre

Dans le métro à Paris, mais ça pourrait être n’importe où, une jeune femme ivre morte se tient difficilement debout, accrochée à la barre. Elle tangue et menace à tout moment de s’effondrer.  

Le spectacle est difficilement soutenable, et soulève toutes sortes de sentiments pénibles. On aimerait faire quelque chose, aider.  On lui propose de s’asseoir, mais bien qu’elle ait l’air de ne plus s’appartenir, elle décline l’invitation, faisant comprendre que si elle s’asseyait, elle allait s’endormir et manquer son arrêt. 

Sortie du métro. Elle part devant moi, cherchant péniblement à enfiler la bretelle de son sac à dos. Je m’approche pour l’aider à ajuster cette bretelle, elle a un mouvement de recul, puis voyant que je n’avais pas l’intention de lui piquer son sac, elle se détend. Échange de regard, sourire, merci. Et elle repart. Je suis détendue, il n’y a plus de lourdeur. 

Quelque chose s’est passé. Nous nous sommes rencontrées au-delà de la situation, tout simplement, comme deux êtres humains. Ce qu’elle traverse lui appartient, ce que je vis m’appartient. Les aléas de nos existences n’ont aucune incidence sur le fait que nous sommes deux êtres humains et que nous pouvons nous rencontrer. 

Quand nous pratiquons, nous touchons au cœur de la présence et nous rencontrons cette partie de nous-mêmes qui demeure sauve quelles que soient les circonstances que nous vivons. Apprendre à la reconnaître, c’est se donner la possibilité de la reconnaître chez les autres et de se relier au-delà des apparences qui souvent nous égarent et nous maintiennent dans un douloureux sentiment d’impuissance.

Dominique Sauthier
Genève

2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Oui, les posts de Dominique sont particulièrement aidants et montrent un visage de la méditation tellement plus puissant que les poncifs actuels...

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