jeudi 1 décembre 2016

Une tasse de thé

Boire une tasse de thé peut être un moment très privilégié si nous savons y prendre soin.

Il y a le temps de la préparation. Nous choisissons un thé particulier en fonction de la situation, selon que nous le buvons seul ou accompagné, selon le moment de la journée ou le temps qu’il fait dehors, ou encore en fonction de notre état d’esprit. C’est l’occasion de prendre un peu de temps pour essayer de percevoir la tonalité du moment dans lequel nous nous trouvons et de nous y accorder. Si nous le pouvons, nous choisissons aussi une belle théière et de jolies tasses, qui embelliront l’ensemble et contribueront à rendre ce moment plus précieux. Nous faisons chauffer l’eau, en prenant garde qu’elle soit à la bonne température. Nous laissons le thé s’infuser et sommes attentifs à ce qu’il déploie complètement ses arômes sans devenir trop saturé ou trop amer.

Le thé est prêt, nous pouvons le servir. Nous avons choisi un endroit calme et chaleureux où le prendre, et nous nous sommes assurés que nous n’y serons pas dérangés. Nous versons le thé dans la tasse. C’est le moment crucial où tout bascule. On entend le bruit de l’eau qui coule délicatement. La tasse se remplit et tout l’espace autour d’elle s’en trouve modifié. Un nuage de vapeur se développe, monte vers le ciel et s’évanouit dans l’air. Dans le même temps, le parfum du thé vient se répandre délicatement jusqu’à nous. L’atmosphère a changé : le thé a déjà opéré sa magie. Il a teinté l’espace. Il a ouvert un nouvel horizon.

Si nous étions seul, nous ne le sommes plus vraiment. Par l’espace qu’il a ouvert, le thé nous a reliés au reste du monde, et nous invite tendrement à lui dire bonjour. Si nous avons la chance de partager le thé à plusieurs, certainement que les liens qui nous unissent se sont trouvés renforcés au moment où le thé a été versé. Nous pouvons alors apprécier simplement la compagnie de nos amis avec confiance et douceur.

Depuis que je pratique la méditation, je découvre la joie de bonheurs simples comme celui de boire une tasse de thé. J’aime les explorer toujours plus avant et découvrir à quel point ils sont pleins de délicatesse et d’infinies subtilités. 

Ils n’auront jamais fini de m’émerveiller.

Illustration : Jean Siméon Chardin, Dame prenant son thé, vers 1740-1750, Glasgow, The Hunterian Museum and Art Gallery.


Benjamin Couchot
Paris

1 commentaire:

  1. Merci pour ce joli texte. (Le Monde est un village où il fait bon prendre le thé. Les petites cuillères qui gigotent dans la tasse s'appliquent à le faire tourner.)

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