Shitao, Accroupi au bord de l’eau, 1690. |
Un des cadeaux de la pratique de la méditation que je trouve particulièrement précieux est celui de mettre très au clair la différence entre l’isolement et la solitude.
Quand nous nous sentons isolés nous ne sommes pas seulement coupés des autres et de tout ce qui nous entoure, la plupart du temps nous sommes aussi coupés de nous-même, de nos sensations.
Nous avons perdu tout contact en quelque sorte.
En revanche, la solitude va souvent de pair avec la plénitude.
Sur le coussin, nous la découvrons réellement, cette solitude, nous l’éprouvons. En même temps nous nous apercevons que nous ne sommes pas isolés mais reliés en permanence - nous découvrons le mouvement incessant de la vie en nous, nos sens s’aiguisant apprennent à déceler le silence du silence …
L’espace en nous et l’espace tout court s’amplifient et font de plus en plus un.
L’entraînement à la bienveillance nous rend sensibles aux liens d’une part, à notre provenance d’autre part.
Dans la langue allemande le mot solitude, Einsamkeit, est plein de sens.
Il est constitué de « un », ein et du radical sam, apparenté à « ensemble » et qui indique le rassemblement.
Selon Heidegger c’est un rassemblement à la fine pointe de l’instant, là où le passé, le présent et l’avenir adviennent ensemble « dans la simplicité de cette unité qui est la leur et qui libère la possibilité même d’exister »
Heidegger nous aide à penser la solitude et surtout comment elle préserve la possibilité de la liberté.
D’un coeur capable d’embrasser l’infini,
Me voici immobile sur le rocher dressé.
Lune unique planant dans le bleu du ciel ;
Qui saura répondre à mon chant solitaire ?Shitao
Elisabeth Larivière
Paris
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