Claude Joseph Vernet, Un port de mer au clair de lune, 1761, Paris, musée du Louvre. |
« Tourné attentivement vers ce qui apaise,
je me suis résolu à la nuit [indemne],
mes sens se sont écoulés de moi
et le cœur indiciblement en est multiplié. »
Rainer Maria Rilke, Poèmes à la nuit
Une joie immense s’empara de moi, quand, revenant du premier stage de pratique de l’Amour bienveillant de l’École qui eut lieu en Normandie à la fin du mois dernier, je trouvais ces mots de Rainer Maria Rilke. En les lisant, il me semblait découvrir une description d’une incroyable justesse de ce que nous nous étions attaché à faire avec ardeur pendant ces quelques jours. Il y a toujours un côté déconcertant d’entendre parler de méditation là où il n’y aurait, en toute rigueur, aucune raison de l’évoquer. Rilke ne pratiquait pas la méditation, et pourtant, ses mots sont peut-être ceux qui en parlent le mieux. Sûrement est-ce parce que Rilke, comme tout poète véritable, parle de l’indicible de notre existence et que la méditation, par d’autres moyens, nous fait toucher ce même indicible.
Se tourner attentivement vers ce qui apaise, c’est très précisément ce que l’on fait dans la pratique de l’Amour bienveillant. Contrairement à la pratique de la pleine présence où l’on est attentif à tout ce qui survient, dans la pratique de l’Amour bienveillant, nous orientons de manière délibérée notre attention vers ce qui apaise. Parfois nous y allons directement en nous remémorant des moments où nous avons reçu la gratitude de l’amour ou en évoquant les personnes qui incarnent pour nous la bienveillance. Parfois, au contraire, nous passons par l’évocation d’éléments plus douloureux et nous cherchons un sens d’apaisement capable de prendre soin de nos souffrances. Dans toutes ses formes, la pratique de l’Amour bienveillant consiste à nous exercer avec douceur à développer la tendresse de notre cœur.
D’abord nous nous tournons vers ce qui apaise, et ensuite, si nous le pouvons – car même si nous nous y sommes résolu, il est très possible que nous n’y parvenions pas – nous nous abandonnons pleinement à l’épaisseur de cet apaisement. C’est là, dans la profondeur de notre cœur que réside la tonalité fondamentalement bienveillante de notre être. C’est une dimension pleinement ouverte, toujours disponible et que rien ne peut altérer. Elle est immense, souverainement paisible et indestructible, et en ce sens, elle ressemble à la nuit indemne du poète.
Rainer Maria Rilke, Poèmes à la nuit
Une joie immense s’empara de moi, quand, revenant du premier stage de pratique de l’Amour bienveillant de l’École qui eut lieu en Normandie à la fin du mois dernier, je trouvais ces mots de Rainer Maria Rilke. En les lisant, il me semblait découvrir une description d’une incroyable justesse de ce que nous nous étions attaché à faire avec ardeur pendant ces quelques jours. Il y a toujours un côté déconcertant d’entendre parler de méditation là où il n’y aurait, en toute rigueur, aucune raison de l’évoquer. Rilke ne pratiquait pas la méditation, et pourtant, ses mots sont peut-être ceux qui en parlent le mieux. Sûrement est-ce parce que Rilke, comme tout poète véritable, parle de l’indicible de notre existence et que la méditation, par d’autres moyens, nous fait toucher ce même indicible.
Se tourner attentivement vers ce qui apaise, c’est très précisément ce que l’on fait dans la pratique de l’Amour bienveillant. Contrairement à la pratique de la pleine présence où l’on est attentif à tout ce qui survient, dans la pratique de l’Amour bienveillant, nous orientons de manière délibérée notre attention vers ce qui apaise. Parfois nous y allons directement en nous remémorant des moments où nous avons reçu la gratitude de l’amour ou en évoquant les personnes qui incarnent pour nous la bienveillance. Parfois, au contraire, nous passons par l’évocation d’éléments plus douloureux et nous cherchons un sens d’apaisement capable de prendre soin de nos souffrances. Dans toutes ses formes, la pratique de l’Amour bienveillant consiste à nous exercer avec douceur à développer la tendresse de notre cœur.
D’abord nous nous tournons vers ce qui apaise, et ensuite, si nous le pouvons – car même si nous nous y sommes résolu, il est très possible que nous n’y parvenions pas – nous nous abandonnons pleinement à l’épaisseur de cet apaisement. C’est là, dans la profondeur de notre cœur que réside la tonalité fondamentalement bienveillante de notre être. C’est une dimension pleinement ouverte, toujours disponible et que rien ne peut altérer. Elle est immense, souverainement paisible et indestructible, et en ce sens, elle ressemble à la nuit indemne du poète.
Dans la pratique, il est possible que nous ressentions des émotions très fortes. Il est possible aussi que nous ne ressentions rien, ou que nous ne percevions que quelques timides bribes de douceur. Cela n’a aucune sorte d’importance. Ce qui importe, quelle que soit l’intensité de ce que nous ressentons – ou de ce que nous ne ressentons pas – c’est d’observer comment ces sensations nous mettent en relation avec une dimension plus grande que nous-même. Comme si elles s’échappaient de nous pour aller à la rencontre des autres et du monde.
Nous partons à l’exploration de notre cœur, et nous découvrons quelque chose de bien plus vaste. Cette dimension d’amour bienveillant, que nous trouvons au plus profond de notre propre être, n’est pas limitée : la pratique est l’occasion de la laisser se déployer de façon exponentielle.
Benjamin Couchot
Benjamin Couchot
Paris
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