Paul Klee, Nördlicher Ort, 1923. |
On évoque des situations dont le but est de nous relier à notre cœur, de réunifier notre cœur au monde pour apaiser notre propre souffrance mais aussi la souffrance des autres.
La première vertu de cette pratique c’est de refaire lien.
Elle a été donnée par le Bouddha lui-même dans des circonstances particulières. Les moines partis dans la forêt n’arrivaient pas à y pratiquer parce qu’ils avaient peur d’être attaqués par des bêtes féroces et des brigands. Ainsi, le Bouddha leur a donné cet enseignement pour qu’ils puissent surmonter la peur. Il est bon de nous rappeler que c’est une pratique pour nous guérir de la peur !
Quand nous avons peur, nous nous sentons séparés, isolés, souvent coupés de notre corps et de nos sensations, nous nous sentons loin des autres, parfois exclus, oubliés. Et nous sommes pris dans cette dichotomie entre moi et les autres.
L’amour bienveillant agit comme un baume qui nous permet d’expérimenter que nous ne sommes pas séparés des autres, de la nature, de notre environnement.
Mais il est très important de ne pas séparer la bienveillance pour soi de la bienveillance pour les autres.
Et très vite nous constatons que l’amitié pour soi est un vaste chantier.
Notre dureté vis-à-vis de nous mêmes peut être bien subtile et pas nécessairement apparente.
C’est un énorme travail d’entrer en amitié avec soi.
Pourquoi est-ce si difficile ?
Parce que la bienveillance n’est pas une question de volonté.
Elle ne peut naître que parce que nous touchons la blessure de notre cœur. Aller voir ce qui est blessé en nous, se relier à ces blessures peut être un très long chemin. Et il se peut que nous n’arrivons pas à toucher notre cœur blessé, que nous ne sentons rien.
Faire la paix avec ce qui est blessé en nous veut dire nous relier à la situation, quelle qu’elle soit.
C’est la seule manière pour que la bienveillance ne soit pas une injonction morale ou un vœu pieux.
Les mots du poète Robert Marteau "porter une amoureuse attention à la matière du monde" inspirent pour se mettre en piste …
Elisabeth Larivière
Paris
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