Reading a letter - Thomas Benjamin Kennington |
Dans le très beau livre de Maurice Zermatten, « Les années Valaisannes de Rilke », j’ai découvert un magnifique passage sur l’amitié. Proche de la petite tour où s’est établi Rainer Maria Rilke à la fin de sa vie, vivait Mme de Sépibus...
« Ce que Mme de Sépibus fut pour le poète, il est difficile de le dire avec ces gros mots de tous les jours qui risquent sans cesse de signifier trop ou trop peu. Le langage du poète, si riche en demi-teintes, si constamment appliqué à signifier le réel par d’insaisissables formes, nous serait nécessaire. Elle sut être silencieuse, simplement présente quand la solitude pesait de trop de poids sur le cœur de l’ermite. Que l’on songe qu’après les Elégies et les Sonnets, nulle grande œuvre ne l’accapare. De longues journées, de longues heures nocturnes s’offrent à la méditation et à l’étude mais il est un terme à tout renoncement. Alors l’amie ouvrait sa porte, ne demandait rien, s’enquérait avec respect de l’état de santé jamais brillante du poète. Elle lisait les livres dont il parlait avec chaleur, découvrait par lui la beauté multiple du monde, apprenait à aimer les animaux, les arbres, le soleil, la terre d’un cœur fraternel. Une âme s’épanouissait, œuvre vivante dans laquelle le poète pouvait retrouver sa propre image. »
Je trouve que ce passage éclaire magnifiquement le geste que l’on fait dans la pratique de la méditation.
Dans la méditation, on entre en amitié avec soi par la simple présence et le silence...
Quand on s’assoit sur son coussin, on ouvre la porte à ce qui est là.
On ne demande rien. On est juste présent. Au lieu de se crisper, de claquer la porte et de s’en vouloir parce qu’on a trop de pensées ou qu’on a mal quelque part, on ne fait rien. On se prend comme on est.
Par notre attention chaleureuse et ouverte, on s’enquière avec respect de notre état de santé. Simplement en ne faisant rien, en n’essayant pas de réussir quelque chose, en étant juste là, on remarque la tonalité qui est la nôtre. On voit comment est notre esprit. On remarque peut-être la présence d’une émotion particulière. On ne fait rien. Tout a le droit d’être.
On suit juste délicatement son souffle, avec la même délicatesse que lorsqu’on lit un livre de poésie. On s’accorde au léger mouvement d’abandon qu’est l’expiration et par là, on s’ouvre peu à peu à la beauté multiple du monde. Tout est là, les arbres, le soleil et la terre.
Ainsi, la pratique de la méditation, tout comme l’amitié véritable, nous aide à aimer ce qui est d’un cœur fraternel et à retrouver sa propre image.
Guillaume Vianin
Neuchâtel
« Ce que Mme de Sépibus fut pour le poète, il est difficile de le dire avec ces gros mots de tous les jours qui risquent sans cesse de signifier trop ou trop peu. Le langage du poète, si riche en demi-teintes, si constamment appliqué à signifier le réel par d’insaisissables formes, nous serait nécessaire. Elle sut être silencieuse, simplement présente quand la solitude pesait de trop de poids sur le cœur de l’ermite. Que l’on songe qu’après les Elégies et les Sonnets, nulle grande œuvre ne l’accapare. De longues journées, de longues heures nocturnes s’offrent à la méditation et à l’étude mais il est un terme à tout renoncement. Alors l’amie ouvrait sa porte, ne demandait rien, s’enquérait avec respect de l’état de santé jamais brillante du poète. Elle lisait les livres dont il parlait avec chaleur, découvrait par lui la beauté multiple du monde, apprenait à aimer les animaux, les arbres, le soleil, la terre d’un cœur fraternel. Une âme s’épanouissait, œuvre vivante dans laquelle le poète pouvait retrouver sa propre image. »
Je trouve que ce passage éclaire magnifiquement le geste que l’on fait dans la pratique de la méditation.
Dans la méditation, on entre en amitié avec soi par la simple présence et le silence...
Quand on s’assoit sur son coussin, on ouvre la porte à ce qui est là.
On ne demande rien. On est juste présent. Au lieu de se crisper, de claquer la porte et de s’en vouloir parce qu’on a trop de pensées ou qu’on a mal quelque part, on ne fait rien. On se prend comme on est.
Par notre attention chaleureuse et ouverte, on s’enquière avec respect de notre état de santé. Simplement en ne faisant rien, en n’essayant pas de réussir quelque chose, en étant juste là, on remarque la tonalité qui est la nôtre. On voit comment est notre esprit. On remarque peut-être la présence d’une émotion particulière. On ne fait rien. Tout a le droit d’être.
On suit juste délicatement son souffle, avec la même délicatesse que lorsqu’on lit un livre de poésie. On s’accorde au léger mouvement d’abandon qu’est l’expiration et par là, on s’ouvre peu à peu à la beauté multiple du monde. Tout est là, les arbres, le soleil et la terre.
Ainsi, la pratique de la méditation, tout comme l’amitié véritable, nous aide à aimer ce qui est d’un cœur fraternel et à retrouver sa propre image.
Guillaume Vianin
Neuchâtel
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