Une Rom passe avec un gobelet en carton qu’elle tend aux
voyageurs en montrant une main gauche estropiée. Elle n’attend pas, elle fait
le tour du tram et revient le temps que j'aie sorti quelques pièces de mon
porte-monnaie. Je les laisse tomber dans le gobelet en la regardant. Visage
sans âge, yeux vides. Elle retourne à ses petites affaires. Je la regarde
partir, et la tristesse m’envahit. Est-ce la tristesse de la voir si pauvre ?
Oui, peut-être, mais c’est plus que cela. C’est la tristesse qu’aucun lien
n’ait été possible.
Dominique Sauthier
Genève
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