Portrait du poète Hölderlin par Franz Karl Hiemer. |
Le poète Hölderlin aperçoit le monde qui l’entoure de manière intense.
En 1788 il entrevoit pour la première fois le Rhin dans toute sa largeur du côté de Spire.
Il écrit alors dans une lettre aux siens :
“ J’ai cru renaître à la vue de ce qui se montrait à moi.
Mes sens se dilatèrent, mon cœur battit plus puissamment, mon esprit fuit dans le lointain inaccessible au regard et mes yeux s’étonnèrent .. le Rhin, majestueux, calme … j’ai été ému, rentrai chez moi et remerciai Dieu d’avoir la capacité de ressentir alors que des milliers d’hommes, indifférents, passent à toute allure.”
Mes sens se dilatèrent, mon cœur battit plus puissamment, mon esprit fuit dans le lointain inaccessible au regard et mes yeux s’étonnèrent .. le Rhin, majestueux, calme … j’ai été ému, rentrai chez moi et remerciai Dieu d’avoir la capacité de ressentir alors que des milliers d’hommes, indifférents, passent à toute allure.”
La méditation développe cette dilatation des sens, elle aiguise nos perceptions.
Aussi elle nous encourage à marquer un temps d’arrêt, "innehalten" dit si bien l’allemand, "tenir dedans", c’est-à-dire suspendre le flux de l’activité.
Mais cette capacité du "innehalten" n’est pas une affaire de volonté, elle naît dans la rencontre avec le monde.
Qu’est-ce qui fait battre notre cœur plus puissamment, nos yeux s’étonner ?
Pour ma part, il m’arrive parfois de rencontrer quelqu’un que j’aime, de façon inattendue, par surprise, un peu comme si je lui avais donné rendez-vous. Mais comme nous ne nous sommes pas donné rendez-vous la rencontre a une saveur particulière, paraît plus réelle, exempte de mes attentes… Et mon émotion ressemble à la joie enfantine de retrouvailles improbables.
Je suis alors très reconnaissante à la vie de pouvoir ressentir.
Elisabeth Larivière
Paris
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Nous répondons systématiquement à vos commentaires et questions.