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Peinture Elisabeth Larivière - Photo Claire Cocano. |
Là où avant le geste se tenait une cadence – une tonalité est apparue. Dont les masses s'agrègent par une communauté d'allure pour glisser ensemble sur un même plan – veillées par une profondeur de champ trouée par d'autres couleurs prenant sans heurt leur propre tangente. Vous vous réjouissez d'être ainsi enfanté dans un monde si frais. Il a dû y avoir une main ici – partie caresser l'encolure de quelqu'animal jamais pensé.
C'était donc pour ça le silence – convoquer, par capillarité de sens, l'animalité de la peinture entre les murs de cet ancien atelier.
Mais cette âme qui s'anime – ce qu'elle fait tourner de monde – vers quel dessein ignorant de lui-même et sacré ? Ce qui danse ainsi dans le vide – s'y frottant après s'y être désaltéré – où cela va-t-il se blottir et de quelle évidence sommes-nous alors délivrés ?
Peut-être celle de se croire oublié, dès qu'on détourne le regard, de ce qui tient là dans l'innocence. C'est en tout cas l'expérience que nous fîmes samedi dernier, méditant dans la salle du rez-de-chaussée, entourés des tableaux d'Elisabeth. Nous étions une trentaine à pratiquer sur nos chaises dans une même écoute cette autre liberté. Toute gestuelle abandonnée, les yeux et les oreilles ouverts à l'entièreté sans rien fixer, nous faisions monde en ce bruissant silence, dans l'inconnue qui signe ailleurs et autrement le passage au point d'équilibre. On aurait dit qu'après l'apparition des choses de l'art – l'apparition de l'être nous assemblait.
Autour de nous, les toiles se tenaient animales – n'embarrassant d'aucun devoir la communauté d'existence où elles conviaient par leur simple présence les témoins muets que nous étions devenus de leur éternelle fugacité.
Yves Dallavalle
Yves Dallavalle
Chapendu
Galerie
Beauvoir, 38 rue de la Folie-Regnault, Paris 75011, à partir du
12 au 29 novembre 2016.
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