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mardi 11 juillet 2017

Une histoire de GPS

En route pour un mariage.  On va traverser la moitié de la France, plus de neuf heures de route.  J’ai tout prévu, une étape dans le Périgord après quatre heures de trajet, pour arriver frais et dispo le lendemain en Bourgogne  (pour ceux qui cherchent à comprendre, on part du pays basque).

On part bien comme il faut, dans les temps.  Je programme le GPS.  Ça ne va pas du tout ! Cette chose prévoit 5h30 pour arriver au Périgord, car la chose sait tout, voit tout, problèmes de circulation compris. Ce retard dans mon planning super organisé me fout très en rogne. On risque d’arriver trop tard pour notre dîner périgourdin.  J’engueule le GPS mais cela ne le fait pas bouger d’un iota. 

Je ne sais pas conduire, je suis donc une éternelle passagère en voiture. Comme le GPS anticipe les embouteillages, les accidents, je suis constamment préoccupée par cet écran qui pourra me dire avec une précision toute scientifique les obstacles devant nous et comment les éviter.

Cela devient obsessionnel, je passe plus de temps à fixer l’écran du GPS qu’à regarder le paysage.

Je préviens longtemps à l’avance mon mari que nous risquons de bientôt rencontrer un embouteillage ou un accident. Le temps de trajet prévu par le GPS change tout le temps en fonction des obstacles à venir.  Fascinant.  Distrayant.  Cela occupe bien l’esprit.  Minute par minute.

Mais la machine se trompe parfois, elle annonce des accidents qui ont eu lieu quelques heures auparavant et l’impact est donc nul sur notre trajet.

Mon mari, même pas peur, décide à un moment de faire fi des indications de la dame qui n’arrête pas de nous dire « prenez la prochaine sortie », ou « faites demi-tour » car il trouve ses indications débiles.  Un point pour mon mari, zéro problème sur la route.

Et bien voilà.  On passe notre temps à anticiper des problèmes qui ne se présentent même pas. Ou à être contrariés par les choses qui ne se passent pas comme on voudrait. On invite des amis à un barbecue et il pleut.

Comme l’a écrit Christiane Singer dans son dernier livre, rien ne se passe jamais comme tu l’as voulu ou craint.

Méditer, c’est laisser tomber notre GPS intérieur. Apprivoiser le fait que rien ne passe comme nous l’avons voulu ou craint.

Lorsque nous méditons, nous cheminons le nez au vent, en regardant le paysage défiler.

Lorsque nous méditons, nous sommes dans la toile de fond du paysage et développons un sens d’appréciation pour ce qui nous entoure, pour ce qui nous arrive, pour ce qui nous tombe dessus.
Comme un cadeau. On le déballe et c’est toujours une surprise.


Anne Vignau
Saint-Gratien

lundi 26 juin 2017

Dimanche soir

Dimanche soir. Comme tous les dimanche en général je suis dans le train, direction Paris. Ma maison en Ardèche est déjà bien loin. C’est là où je passe mes week-ends, en famille, loin de la vie parisienne.

Comme tous les week-ends, l’un des moments que j’aime c’est la ballade à vélo. Je peux partir sur les chemins avec mon VTT dans la forêt toute proche sans rencontrer âme qui vive.
Cela fait maintenant quatorze ans que j’habite cette maison et que j’ai ce rendez-vous avec la nature que je manque rarement, même au plus fort de l’hiver ou en période de canicule comme aujourd’hui. Ce n’est pourtant pas un moment idyllique ; c’est une région montagneuse et la pente est parfois très raide ; c’est une vraie épreuve sportive, presque un combat par moment. Il y a des passages rocailleux difficiles, des chemins non entretenus avec des herbes hautes, des ronces, des orties. Il m’arrive de faire des chutes. 

Je ne dirais pas non plus que je suis pleinement présent à chaque instant à cette nature qui m’entoure. Par moment j’oublie que je suis sur mon vélo dans la forêt et mes  difficultés du moment ressurgissent. Comme sur le coussin de méditation je peux me retrouver en train de penser au boulot ou à d’autres problèmes. Comme sur le coussin je suis rappelé à la réalité. C’est mon vélo, le chemin ou la forêt qui me disent « Bonjour !» quand je suis ailleurs. 

Il me semble parfois aussi sentir comme tout l’environnement est bienveillant, comme la nature sauvage se rappelle doucement à moi lorsque je suis perdu dans mes pensées, comme la beauté des paysages déteint sur mon esprit.

Au fond la raison pour laquelle je ne manquerais pas ce rendez-vous hebdomadaire est que ce périple à travers les chemins ardéchois me transforme sans que je sache comment. C’est la même impression que me donne la pratique de la méditation ; je m’assois sur le coussin,  quelque chose se transforme, hors de ma volonté, indépendamment de mes efforts.

Le week-end est terminé, au revoir l’Ardèche, bonjour Paris !

Xavier Ripoche
Paris

dimanche 21 février 2016

Choisir sa vie

"Je préfère être la version haut-de-gamme de moi-même que la version moyen-de-gamme de quelqu’un d’autre." déclarait l'actrice Judy Garland.

Quand j’ai lu cette phrase dans le livre de Tal Ben Shahar Choisir sa vie, elle m’a percutée.
Oui, il vaut toujours mieux vivre pleinement notre vie, assumer pleinement ce que nous sommes plutôt que d’essayer de ressembler à quelqu’un d’autre que nous admirons.
Oui, notre vie est valable et réelle.
Mais combien de temps passons-nous à rêver notre vie ? A envier celle d’une autre ou d’un autre ? A croire que peut-être un jour nous vivrons pour de vrai mais que, dans l’attente, nous restons comme en apnée…

N’oublions pas que ce qui nous arrive est NOTRE vie ; il n’y en a pas d’autre !

Toute vie humaine comprend son lot de changements non désirés, d’obstacles, de heurts et de difficultés. Le philosophe allemand Goethe le dit ainsi « La vie appartient aux vivants et les vivants doivent s’attendre au changement. »

Vivre entièrement, c’est accueillir tout ce qui advient, pourquoi alors vouloir éviter ce qui nous déplaît pour ne garder que ce qui nous plaît, comme si alors notre vie en deviendrait meilleure ? Dans la méditation, nous nous entraînons, patiemment, à ne rien rejeter de ce qui nous provoque, à accueillir avec bienveillance les événements, les émotions, les contrariétés… Alors tout devient occasion de cheminer plus avant et nous donne la possibilité de transformer notre vie en aventure quotidienne.

Marie-Laurence Cattoire
Paris

jeudi 4 février 2016

L'éveil de tous nos sens

"C'est d'ordinaire avec notre être réduit au minimum que nous vivons ; la plupart de nos facultés restent endormies parce qu'elles reposent sur l'habitude qui sait ce qu'il y a à faire et n'a pas besoin d'elles." Marcel Proust

Comme toujours, le prodigieux souci du détail de Marcel Proust fait que nous pouvons nous reconnaître.
Cette phrase - citée par Fabrice Midal lors d'un enseignement du mercredi 
- décrit avec une grande justesse la manière dont, souvent,  nous abordons la vie aujourd'hui : avec routine, croyant nous sécuriser par nos habitudes, un banal train train qui nous permet de tenir le coup face au flot incessant de stimulations, d'informations et d'injonctions professionnelles ou sociales.
Et pourtant, la vie est beaucoup plus grande que ce quotidien que nous rendons morne par manque d'attention.

En méditant, nous nous entraînons à ne pas "réduire notre être au minimum", nous nous exerçons à ameuter tous nos sens, nos perceptions, au cœur d'une saine immobilité qui rend plus aigu et plus vivant chaque instant.
Notre journée peut alors devenir à nouveau une aventure, semée de surprises, de découvertes, de sourires donnés et reçus, de mots tendres, de situations tranchantes ou exaltantes.

Marie-Laurence Cattoire
Paris