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mardi 25 juillet 2017

Comme un ours endormi qui reçoit un seau d’eau froide en pleine figure

Au mois d’avril dernier, pour la première fois en 10 ans, j’ai omis de méditer pendant une semaine. Avec deux enfants en bas âge à la maison (6 mois et 2 ans et demi), 2 charges de cours à l’université, un déménagement avec rénovation importante en cours, des cours à préparer, un chapitre de thèse à écrire – je fus littéralement happé par l’affairement.

Le rappel à méditer m’est venu par obligation : en planifiant ma journée, je réalisai que je devais donner une causerie le soir-même pour la séance hebdomadaire de méditation de l’École occidentale de Montréal.

En fin de journée, n’ayant pas eu le temps de préparer quoi que ce soit, je me dirigeai vers le centre de pratique de l’École à Montréal. 

Une fois la salle installée et les méditants en place, je me posai sur le coussin de l’enseignant et sonnai 3 coups de gong pour ouvrir la séance. Dès les premières secondes de pratique, une évidence brulante s’imposa : j’étais droit et ancré, solide comme un roc, souple comme un roseau. Comme un ours endormi qui reçoit un seau d’eau froide en pleine figure, je me réveillais brusquement d’une nuit d’oubli. La noblesse époustouflante de la posture qu’il m’arrive parfois de prendre à la légère, se montrait dans sa plénitude et m’invitait au sobre courage.

Sans aller jusqu’à conseiller d’oublier la pratique pendant une semaine, les moments d’oubli, de fuite ou d’errance au seuil du dharma peuvent aussi être intégrés à la pratique et nous rappeler quelques évidences oubliées. Entre autres l’importance de l’institution (ici des pratiques hebdomadaires dans le cadre de l’École occidentale de Montréal) et de l’obligation qu’elle induit et qu’elle impose.

En mettant l’accent sur l’expérience personnelle comme manière de se relier à l’essentiel, la modernité peut parfois nous faire oublier la justesse de l’obligation. Mais c’est souvent par des détours et des errances salutaires de ce type, qu’il nous est aujourd’hui possible de réentendre quelques évidences balayées par l’air du temps.

Philippe Blackburn
Montreal

vendredi 11 novembre 2016

Je rêvais d'être un chevalier...

Lorsque j’étais enfant je rêvais d’être un chevalier, un héros que tout le monde admirerait. Mes parents, mes frères et sœurs enfin se rendraient compte que j’étais quelqu’un d’extraordinaire, d’exceptionnel et m’aimeraient.

Adolescent je me suis efforcé de faire des études brillantes. J’avais toujours l’idée de m’attirer l’admiration et le respect des autres.

Aujourd’hui encore, des années plus tard cette recherche « d’être quelqu’un » est toujours là parfois. Elle peut prendre des formes très subtiles, comme par exemple le fait d’écrire ces lignes et d’espérer que le Post sur Facebook sera « Liké »...

Ce qui a changé il me semble avec la méditation c’est que je peux arriver à voir avec humour cette tendance.

Je comprends alors les paroles de Fabrice Midal sur l’amour : autant se sentir relié aux autres, se sentir aimé sans raison, parce qu’on est un être humain est un cadeau, autant chercher à s’attirer l’admiration et vouloir être aimé des autres est un poison.

Je vois aussi que l’amour s’apprend. On peut grandir en amour, on peut toucher cet amour inconditionnel en particulier par les pratiques de bienveillance qui sont transmises dans l'École occidentale de méditation.

Ainsi, plutôt que de vouloir à tout prix être aimé des autres, chercher de la reconnaissance, s’efforcer d’apparaître comme extraordinaires, détendons-nous, foutons-nous la paix et apprécions le fait d’être des personnes ordinaires qui sont aimées inconditionnellement.


Xavier Ripoche
Paris

dimanche 7 février 2016

La cour carrée

Nous arrivions de l'est par un jour froid, la rue de Rivoli nous déposa comme par mégarde au seuil de la porte monumentale que nous franchîmes sans y penser. Aussitôt – et comme à chaque fois – nous nous trouvâmes élevés sur le champ à dignité. 
Une paix immédiate, une paix définitive nous mit joyeusement à l'abri pour partager avec les rares promeneurs une grandiose intimité. 
Alors seulement, levant les yeux, nous sûmes être dans la Cour Carrée ! Noblesse et verticalité – les proportions idéales nous posaient à la façon de la méditation, libres de discours, dans nos êtres rendus à leur simplicité. Nous touchions par la pierre ce que le coussin nous donne à vivre – au milieu de la ville elle-même entourée d'un immense charnier de bitume et bruissant de mille affairements – nous nous tenions l'esprit assis devant les falaises sculptées. Assis et vertical – c'est à dire carré.

Puis nous quittâmes victorieusement ce havre pour nous maintenir en surplomb devant le Louvre. Nos poitrines se soulevaient comme au sortir d'une montagne. Le monde s'offrait à nos regards neufs qui, par-delà le pavé, portaient à travers le défilé du Carrousel vers la vallée poudreuse des Tuileries.

Yves Dallavalle
Chapendu